Ouvert par ministère provinciale de l’urbanisme du Sud-Kivu le 23 juin dernier, le dialogue de politiques publiques sur l’’urbanisation de la ville de Bukavu et d’autres pôles urbains du Sud Kivu a pris fin vendredi le 24 juin 2022.

Parmi les nombreux enjeux auxquels Bukavu doit faire face, les domaines prioritaires directement liés à la gouvernance urbaine sont à souligner. En premier lieu se pose le problème des logements et des infrastructures pauvres et précaires. La croissance démographique de Bukavu n’a pas donné lieu à l’agrandissement de la ville. L’une des conséquences de l’augmentation de la densité de population a été l’empiètement sur la plupart des espaces verts et inoccupés de la ville. Notons qu’à Bukavu le développement urbain est toujours façonné par ces pressions urbaines qui ont donné lieu à divers autres problèmes liés aux infrastructures urbaines. Par exemple, la construction sur des terrains inadaptés a entraîné des glissements de terrain et des érosions, ainsi qu’une pression accrue sur l’espace public. Dans ce contexte, l’habitat dit spontané s’est développé sur ces territoires, en milieu urbain, mais aussi en milieu rural, les cycles d’incendies et de glissement de maisons construites essentiellement en bois sont monnaie courante et soulève avec acuité la problématique de la mise en place de politiques publiques en matière d’aménagement du territoire, d’urbanisme et de construction, notamment pour les populations les plus vulnérables.

Dou la mise en place d’un cadre d’échange dans le cadre du projet « Promotion de l’emploi et de revenus non agricoles dans la région des Grands Lacs grâce à la production de matériaux de construction respectueux du climat  « PROECCO III »  promus par la coopération suisse , la Mairie de Bukavu avec le Guichet d’Economie Locale du Sud-Kivu en collaboration avec  SKAT Fondation, cherchent à promouvoir des politiques permanentes entre les acteurs les plus impliqués dans l’urbanisation et la construction dans la ville de Bukavu et ses environs afin de réfléchir sur les conditions-cadre de l’urbanisation. Les participants ont identifiés parmi les acteurs étatiques et non-étatiques. Il s’agit des autorités politico-administratives suivantes : les membres du gouvernement provincial, l’assemblée provinciale, la Mairie, les Administrateurs des Territoires ciblés par le projet, les Bourgmestres, les chefs de chefferies, les chefs de divisions (urbanisme, habitant, cadastre et titres immobiliers), les bourgmestres des communes, Chefs de quartiers ainsi que les Chefs de groupements.

Pendant deux jours plusieurs thèmes ont été développés par les experts et professeurs des universités de la place des architectes des urbanistes en présentant un état des lieux de la situation actuelle de l’urbanisation dans la ville de Bukavu et les autres villes de la province du Sud Kivu s »en ai suivi des réflexions sur des pistes de solutions aux problèmes identifiés pour sortir de la situation actuelle ainsi que les proposition sur le développement de l’industrie de la construction. Après les échanges et débats réunis dans des groupes de travail,  les participants ont réfléchis sur des mécanismes à mettre en place visant à créer une dynamique de dialogue entre les acteurs étatiques et non-étatiques afin de résoudre les problèmes sociétaux liés à l’urbanisme et influencer les décideurs par un plaidoyer participatif.

Ainsi, les participants ont surtout retenus cinq résolutions fortes dont l’application pourra permettre à la ville de Bukavu en particulier et la province du Sud-Kivu en générale de faire un pas décisif vers la l’urbanisation et l’aména1gement de ces dernières. Ils ont ainsi recommandé

• La construction des nouvelles villes dans la province du Sud-Kivu,
• L’extension des villes existantes dans le respect de normes urbanistiques,
• La gestion des déchets : la gestion des déchets liquides ou solubles pour résoudre le problème des égouts, la gestion des déchets solides, plastiques, le recyclage des déchets plastiques…
• L’utilisation des compétences par des actions beaucoup plus efficace et pratiques en clarifiant les rôles  de chaque service intervenant dans l’urbanisation.
• Le respect des normes de construction et d’architectures (l’architecture écologique) ; tout en insistant sut la qualité des matériaux utilisés dans la construction.

A noter que ces recommandations avaient été fortement formulées par les participants dans ce dialogue un rapport final sera vulgarisé auprès des différents acteurs intervenant dans le secteur de la construction et de l’urbanisation dans la ville de Bukavu.

Le département fédéral des affaires étrangères DFAE, la Direction du Développement et de la Coopération Bureau de Coopération suisse en RD Congo (DDC) a mis en place un programme qui intervient dans le domaine des matériaux locaux de construction dans la région des Grands Lacs à travers le PROECCO. Ce programme agit dans une perspective de préservation des ressources naturelles et de création d’emplois et de revenus pour les jeunes.

PROECCO collabore avec des entrepreneurs et jeunes travailleurs, pionniers de la brique moderne, ainsi qu’avec les acteurs de la construction et de l’urbanisme, promoteurs des réalisations en brique moderne solides, durables et abordables. Le projet soutient des entreprises et des coopératives dans les milieux urbains et ruraux. Il put déjà démontrer que les technologies de production industrielle étaient abordables et faciles à gérer et que la construction en brique moderne était financièrement avantageuse.

Ce projet entend valoriser les stratégies nationales de développement urbain et de promotion d’une transformation verte de l’industrie de construction et de l’habitat durable. Le Guichet d’Economie Locale du Sud-Kivu GEL en sa qualité du Maître d’Ouvrage Délégué (MOD) met en œuvre les activités visant à influencer les conditions cadres et renforcer les partenariats institutionnels en RDC et vise principalement le dialogue politique ainsi qu’une coordination renforcée entre les donateurs, les acteurs étatiques, le secteur financier et les entreprises. 

La finalité de ce programme est d’impulser la création d’emplois et de revenus pour les jeunes dans l’industrie de la briqueterie tout en développement l’habitat durable pour les populations de la province du Sud-Kivu. Dans la plupart des agglomérations urbaines en République Démocratique du Congo en générale et à Bukavu en particulier, le secteur de la construction est un moteur-clé de la croissance économique. Or, dans la région des Grands Lacs, l’industrie locale des matériaux de construction ne produit pas à la hauteur de son potentiel, avec pour conséquence l’importation massive de matériaux, la perte de capitaux et une opportunité manquée pour créer des emplois

La brique moderne promue par le projet PROECCO vient à point nommé pour combler le déficit de matériaux de construction observée au Sud-Kivu et répondant aux normes de qualité, écologiques et à un coût abordable. 

Au niveau étatique, la Mairie de Bukavu s’est intéressée à utiliser ce modèle de briques dans la reconstruction des quartiers détruits par les incendies, des éboulements, etc. touchant les bâtiments construits principalement en bois, sur des terrains glissants, et souvent impropre à la construction.

La brique moderne est-elle adaptée aux besoins de la population du Sud-Kivu ?

Esthétique : Les produits de façade en terre cuite ont une couleur naturelle orangée qui combinée à des mortiers adaptés offrent une nition originale qui se démarque des autres matériaux. A cela s’ajoutent la variété́ de nitions, les teintes et coloris possibles.

Légèreté́ : Plus légère que le béton, elle permet d’alléger les fondations et les structures en béton. Les maisons construites avec des matières céramiques réduit son écrasement sur des sols sablonneux caractéristiques de certaines régions en RDC.

Grande dimension : Combinée avec sa légèreté́, elle permet de construire plus rapidement avec moins de main-d’œuvre. Résistance mécanique enlevée. Elle atteint des résistances mécaniques supérieures aux exigences dans la plupart des cahiers des charges. Cela permet d’enlever des maisons à plusieurs étages.

Isolation thermique : Grace aux produits perforés, la masse volumique des briques est réduite garantissant une bonne isolation thermique et permettant la réduction les épaisseurs de maçonnerie. De plus, malgré́ la forte chaleur qui peut servir dans nos villes, l’intérieur des maisons en briques cuites gardera toujours leur fraicheur.

Incombustibilité́ : La brique en terre cuite est incombustible. Elle ne dégage pas de gaz nocif en cas d’incendie. Economique. La brique en terre cuite industrielle permet d’éviter l’utilisation de crépis ou autre enduis extérieur, elle demande moins de main d’œuvre et accélère la construction des édifices.

Saine Grâce à sa capillarité enlevée, la brique est un matériau qui empêche le développement des moisissures et garantit un intérieur de maison sain. La brique permet la construction de maisons en briques économiques avec architecture moderne et innovante. Produit 100% congolais. Les briques sont construites localement à partir de matériaux locaux. Durable. La brique cuite possède une grande longévité́ et se recycle facilement.

Malgré le large assortiment de briques, la diversité de leurs formes, leurs propriétés physicomécaniques et le type d’argile utilisé, les étapes de fabrication de produits rouges sont communes. Elles incluent la préparation, la fabrication (façonnage), le séchage et la cuisson. Les ateliers de préparation et de fabrication consomment exclusivement de l’électricité pour les moteurs des ventilateurs, les broyeurs, les malaxeurs et la mouleuse ou l’étireuse (tableaux 1 et 2). Cette dernière machine, qui façonne les briques pour obtenir la forme et le type de brique souhaités, est une grosse consommatrice d’énergie électrique, avec des puissances installées de 230 à 280 kW.

L’accès au financement des PME  au Sud-Kivu.

L’un de grands défis reste l’accès au financement des PME  au Sud-Kivu. Malgré la présence d’un arsenal juridique et institutionnel pour faciliter l’accès des jeunes entrepreneurs au financement le constat reste le même : le financement est un obstacle très sévère à l’entrepreneuriat. Il ressort de l’enquête de la Banque Mondiale (2007) que le « Climat d’investissement et la compétitivité des entreprises » que les très petites entreprises subissent une discrimination du fait de leur taille pour obtenir les crédits. Le secteur bancaire contribue à ce résultat par ses mauvaises prestations à une clientèle d’entrepreneurs toujours avides à un financement adéquat et à temps. 

Dans sa mission le GEL Sud-Kivu à travers ce projet compte accompagner les briquetiers ainsi que les porteurs de projets immobiliers à accéder au financement adaptés aux besoins des entrepreneurs évoluant dans secteur de la briqueterie moderne.

Des résultats visibles.

Les indicateurs de performance énergétique des briqueteries industrielles montrent une amélioration remarquable grâce aux efforts qui ont été faits pour optimiser les procédés, exploiter de nouvelles technologies de séchage et cuisson, automatiser les opérations de chargement et de déchargement, d’empilage et de dépilage, réduire le taux de déchet et diminuer des taux de consommation d’énergie des équipements.

Conclusion.

Le coût de production des briques cuite dépend de plusieurs facteurs liés au contexte propre à chaque briqueterie et à chaque milieux, tels que la performance énergétique, la capacité de production, le niveau technologique, le type de combustible, etc. Le coût de l’énergie représente la part la plus importante du coût de production, renforcée par l’augmentation du prix de l’énergie durant les dernières années, suivi du coût de la main-d’œuvre. Une briqueterie est une usine grande consommatrice d’énergie et toute action envisagée pour la maîtrise de l’énergie est une vraie occasion pour le développement durable de l’usine elle-même et du secteur. Les axes d’amélioration résident dans l’innovation technologique, la recherche et l’amélioration des mélanges de matières, la maîtrise de la qualité et la gestion de l’énergie. C’est l’adéquation entre matières premières, énergie utilisée et procédés technologiques qui permettent l’obtention d’un produit fini de bonne qualité au moindre coût. Le recours aux nouvelles technologies de fours, séchoirs et systèmes d’empilage, dépilage et manutention des briques a contribué à la mise à niveau des briqueteries industrielles, qui deviennent des usines modernes dotées de systèmes automatisés, voire de la commande et de la gestion à distance. En ce sens, des investissements importants et une expertise pointue sont nécessaires pour l’exploitation et la maintenance des séchoirs et des fours, pour l’efficacité énergétique et la cogénération. La définition d’un cadre incitatif approprié et les partenariats publicprivé sont importants pour aider les briqueteries à surmonter les barrières financières et ainsi améliorer leur compétitivité !